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Sur la route du Vendée Globe # 8 : La remontée de l'Atlantique Sud
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Le 15 janvier 2021false false
Si L’Occitane en Provence est parvenu à grignoter deux places dans le classement ce weekend, pour être désormais 11ème de la flotte en ce 68 ème jours de course, Armel aura du négocier des conditions météorologiques assez éprouvantes cette dernière semaine, avec un Équateur salvateur à l’horizon !
Fêtes et défaites dans les 40e rugissants
Armel avait depuis une bonne dizaine de jours déjà le tableau arrière de Clarisse Crémer (Banque Populaire) dans le viseur, sans parvenir à devancer la navigatrice chevronnée ! Mais le skipper nantais aura finalement réussi à prendre l’avantage dans la nuit de samedi... profitant de vents cléments et favorables lui permettant de sortir enfin ses foils. Au même moment, on apprenait tristement l'abandon d'une autre concurrente, Isabelle Joschke, positionnée à quelques centaines de milles d'Armel. Déjà au passage du Cap Horn, son vérin de quille (le système qui permet de modifier sa position) s'était cassé ... obligeant la navigatrice à utiliser son système de secours, qui ne permet pas de bouger la quille. Mais samedi, empêtrée dans une dépression bien véloce, cette réparation a subitement lâché, et dans ces conditions, Isabelle Joschke ne pouvait pas imaginer continuer la course... elle qui avait réalisé une très belle remontée sur le groupe de tête dans le Grand Sud ! Plus haut dans l'Atlantique, les leaders ont été ralentis ce weekend par des bulles anticycloniques bien étendues, permettant à Armel qui avait de très bonnes vitesses dimanche, de remonter doucement sur eux.
« Ma pire nuit de ce Vendée Globe » ou les rudesses des côtes sud-américaines
Depuis le Cap-Horn, les températures ont grimpé à bord de l’Occitane en Provence et l’ambiance n’est plus tout à fait la même que dans les 50e rugissants ! Mais si l’écart entre Armel et le peloton de tête s’est bien réduit le weekend dernier, un vent de nord erratique et une houle bien formée et creusée par un courant contre sont venus perturber la remontée d’Armel en début de semaine, ballotant le marin et son bateau bien chahutés… « C’est l’enfer en mer » nous rappelait le skipper nantais à la vacation de mardi matin, un témoignage radical et sincère pour celui qui espère toujours pouvoir recoller aux leaders ! Mais l’Atlantique Sud n’a décidément pas d’état d’âme et l'anticyclone de Sainte-Hélène et ses tentacules sont venues engloutir depuis hier l'Occitane en Provence ! Alors petits vents... petites vitesses, et Armel peut difficilement prendre l'avantage sur Clarisse Crémer qui subit le même sort que lui. Si tout va bien, ils devraient en sortir dès demain matin pour accrocher les Alizés, ces vents portants de Sud-Est, qui annoncent aussi la délivrance de l’Equateur qu’Armel passerait une seconde fois sur ce Vendée Globe, en milieu de semaine prochaine si Neptune le veut bien…
« Globalement, je fais l'expérience d'une vie décroissante, avec 3, 4 litres d'eau par jour, quelques échanges sur internet pour maintenir une vie sociale malgré le confinem ent, une nourriture au compte-goutte, une contemplation infinie de la nature, pour nourrir mon âme, la remplir du beau, la lecture ou l'écoute de podcasts et autres musiques comme distractions. Sans doute la vraie difficulté est la gestion du sommeil, pas facile de trouver un sommeil réparateur quand vous êtes réveillé toutes les heures ou toutes les 40 minutes, j'avoue que quelques fois, mort de fatigue, je plongeais pour 2 ou 3 heures de sommeil continu, quand le vent était stable ! Et je voyais immédiatement le gain sur ma capacité, lucidité, et éveil ; le sommeil fractionné use l'organisme.
Soit 67 jours en mer, seul, c'est assez insensé, s'éloigner autant de sa famille, femme et enfants beaux et courageux, qui trouvent le temps long à terre et ma progression bien lente sur cette mappemonde. Je navigue le long du Brésil maintenant, là où il y a 17 ans, je consignais dans mon carnet de bord, sur mon petit bateau de 6,50 m, mon envie et rêve d'aller parcourir le globe sur cette course ! J'avais ce même appétit, cette même soif d'apprendre, de découvrir, se découvrir, de vivre pleinement une aventure humaine et sportive dans une communion forte avec la nature ! J'adore remplir mes yeux de ce paysage en mouvement perpétuel et immuable depuis sa création, ces mêmes nuages, ces mêmes vagues, ces mêmes étoiles rendent notre condition humaine si petite, si humble que cela pose forcément question de notre place sur terre". Armel