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Un démonstrateur de réseaux de neurones artificiels pour une IA durable
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Le 26 janvier 2023false false
Réduire la consommation énergétique de nos mémoires électroniques. C'est l’objectif du démonstrateur de réseaux de neurones artificiels de l’Institut des matériaux de Nantes Jean Rouxel (IMN - CNRS / Nantes Université). Ce projet, appelé "Mott-IA" et d’une durée de quatre ans, permettra à la technologie dite "Mottronique", développée par le laboratoire nantais, d’être transférée vers l’industrie microélectronique.
Comment consommer moins et plus durablement ? Cette question touche également les domaines du numérique, tant sur les aspects matériels (le silicium au cœur des dispositifs microélectroniques étant une ressource limitée) que sur la gestion des données générées par les nouveaux outils à notre disposition, et notamment toutes les technologies liées à l’intelligence artificielle. Changer d’architecture et rechercher de nouveaux matériaux plus performants constituent une nouvelle approche prometteuse pour concevoir des composants moins consommateurs en énergie. Une piste de recherche explorée : s’inspirer du cerveau des mammifères, capable de traiter un grand nombre d’information en dépensant très peu d’énergie, en reproduisant le réseau interconnecté de synapses et de neurones.
C’est dans ce cadre que des scientifiques de l’Institut des matériaux de Nantes Jean Rouxel (IMN - CNRS / Nantes Université) ont découvert que des matériaux, les isolants de Mott, peuvent basculer à l'état conducteur et inversement lorsqu'ils sont soumis à une simple tension électrique. Cette découverte, nommée transition de Mott électrique, ouvre la voie à l’émergence d’une nouvelle électronique basée sur l’utilisation des isolants de Mott : la Mottronique, capable entre autres de reproduire le comportement électrique des neurones.
Fabriquer et modéliser le premier réseau de neurones et de synapses artificiels mono-composants
Le démonstrateur testé dans le cadre du projet Mott-IA permettra de concevoir, fabriquer et modéliser le premier réseau de neurones et de synapses artificiels mono-composants à base d’isolants de Mott, afin d’atteindre un niveau TRL 4-5 (1). Les performances démontrées dans le cadre de ce projet permettront donc de susciter l’intérêt des industriels et de transférer la technologie Mott-IA vers l’industrie microélectronique. Plusieurs scenarii de valorisation et de protection des résultats du projet sont aujourd’hui à l’étude avec la SATT Ouest Valorisation. Ces prospectives pourraient par exemple prendre la forme d'une création de start-up, d'un accord de collaboration avec un industriel pour développer la technologie, d'octroi de licence à des tiers ou de création de consortium avec l’industrie visant à augmenter la maturité technologique dans le cadre d’un projet européen. Cette stratégie inclut par ailleurs une réflexion autour du dépôt de nouveaux brevets.
(1) Les TRL forment une échelle d’évaluation du degré de maturité atteint par une technologie. Le niveau 4 concerne la validation de composants et/ou de maquettes en laboratoire et le niveau 5, la validation de composants et/ou de maquettes en environnement représentatif.
Réalisation du premier neurone artificiel de type "LIF" à base d'isolant de Mott et illustration du phénomène d’intégration lors de l'application d'impulsions électriques. © IMN (CNRS/Nantes Université) avec "Com par l’image".
Le projet Mott-IA
Le projet est financé à hauteur de 1,3 millions d’€ par la Région des Pays de la Loire dans le cadre de son appel à projets "Démonstrateur de recherche académique" et cofinancé à hauteur de 630 000 € par le CNRS et Nantes Université.
L’objectif de l'appel à projets régional est de soutenir des équipements discriminants sur une technologie de rupture ayant pour objet de démontrer un potentiel d’industrialisation d’une solution (produit/process) dans une filière stratégique de l’économie ligérienne.
"La Mottronique aura des retombées bien plus larges que l'unique domaine de l'électronique"
"Face aux défis environnementaux et sociaux, Nantes Université est engagée pour contribuer à la réalisation des 17 objectifs de développement durable établis par les Nations Unies. Aujourd'hui, l'IA et le Big Data sont des outils sur lesquels reposent de nombreux de ces objectifs (Santé et bien-être, Faim Zéro, etc.). Or, beaucoup tirent la sonnette d'alarme sur les dérives énergétiques vers lesquelles nous courront en poussant l'IA et les Big Data dans leurs formes actuelles. En rendant cette IA et le stockage des données plus rapide et moins énergivore, la Mottronique aura des retombées bien plus larges que l'unique domaine de l'électronique."
Olivier GRASSET, Vice-président Recherche et Science ouverte de Nantes Université