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A distance ou en présentiel : on s'adapte !
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Du 22 octobre 2020 au 22 décembre 2021false false
Cette rentrée est toute particulière… et ce ne sont pas les enseignants qui diront le contraire ! Bon gré mal gré, chacun a dû adapter ses pratiques pédagogiques, préparer ses cours sans connaître l’évolution des conditions sanitaires, appréhender de nouveaux outils et la plupart du temps, conjuguer cours en présentiel et cours à distance. Dans cette série de portraits, 4 enseignants de l’Université de Nantes partagent concrètement ce qu’ils ont mis en place, pourquoi ils l’ont fait, ce qui les a aidés et les difficultés rencontrées. Après les témoignages du duo Delphine Rommel et Margaux Le Borgne (Psychologie) et celui de Léo Le Mener (IAE), découvrez le portrait de Vincent Ricordel (Polytech Nantes).
Cela représente 60% de mon volume horaire. Restent les TP qui eux, se font toujours en présence des étudiants, dans des conditions adaptées.
Cours magistraux asynchrones : chacun à son rythme
Pour chaque cours magistral, l’enseignant-chercheur réalise une vidéo. Il utilise le logiciel OBS, qui lui permet de mêler slides, tableau virtuel et capture-vidéo de son intervention. Plan par plan, il conçoit chaque slide exactement comme s’il était en présence des étudiants en utilisant le pointeur, les animations disponibles, etc. Puis il enregistre son discours, toujours slide par slide, avant de procéder au montage global. "Ce processus de construction est intéressant. Le résultat est moins vivant qu’en amphi mais sans doute plus précis car moins soumis aux aléas : je peux choisir chaque mot, peaufiner la scénarisation, recommencer si besoin ".Pour les étudiants aussi, le format vidéo peut s’avérer plus pratique qu’un cours en amphi, même si " rien ne remplace le contact direct et les échanges spontanés qui profitent à tous ! ". Chaque étudiant récupère la ressource en ligne au moment où il est disponible, il peut la consulter à son rythme, revenir en arrière s’il en a besoin, faire une pause et même la visionner plusieurs fois. " Chacun est responsabilisé et cela fonctionne. Il faut dire que je m’adresse à des étudiants qui sont en Bac+3 et dans leur 1re année de cycle Ingénieur : ils ont les compétences, la motivation et la maturité nécessaires pour être autonomes."
L’enseignant dispose toutefois de statistiques consolidées : " je sais combien d’étudiants voient la vidéo, combien vont jusqu’au bout, quelle est la durée des consultations, etc. ". Jusqu’à maintenant, chaque vidéo a été consultée en moyenne 120 fois (pour 75 étudiants) avec un temps moyen de lecture de 30 minutes.
Travaux dirigés synchrones : préserver la dynamique de groupe
Pour les groupes de TD, Vincent Ricordel utilise tout simplement Zoom. Il peut ainsi voir les étudiants (24 par groupe), échanger avec eux, communiquer via les micros de chacun ou le chat, utiliser le tableau virtuel… " C’est un outil assez complet et facile à prendre en main. Si on le souhaite, il permet des interactions, a fortiori quand le groupe est peu nombreux ".
Travaux pratiques : respecter la distance physique
Les TP, même s’ils restent en présentiel, ont été adaptés pour tenir compte des conditions sanitaires. Par exemple, pour les enseignements sur les réseaux informatiques, les branchements et brassages de câbles se faisaient dans des locaux exigus, les étudiants tassés autour d’une même armoire. Inenvisageable en ce moment !" Nous avons acheté des commutateurs et des Raspberry Pi sorte de petites boites qui contiennent un ordinateur. Pour un investissement minime, les étudiants peuvent ainsi reproduire les manipulations de branchements et de configuration, en modèle réduit». Cette solution sera conservée après la pandémie car elle ouvre finalement de nouvelles possibilités pédagogiques : " avec ces équipements, les étudiants apprennent à administrer le réseau qu’ils créent, ce qui est l’objectif principal du TP ".
Un investissement pour les années à venir
Ces transformations nécessitent du temps : ½ journée à 1 journée de travail pour 40 minutes de vidéo. Heureusement, ce matériau sera réutilisable dans les années à venir, Covid ou non. " En cours magistral, jusqu’à la Toussaint, j’aborde le principe des réseaux informatiques, le traitement de signal, le codage vidéo. Comme je construis toujours mes supports slide par slide, je pourrai facilement les mettre à jour. Post-Covid, cela m’amènera peut-être à revoir ma pédagogie, à faire des amphis inversés par exemple ".Pour Vincent Ricordel, cette bascule vers l’enseignement à distance se passe dans de bonnes conditions et se traduira sans doute par de nouvelles pratiques dans les années à venir, même si aujourd’hui ses activités de recherche en font un peu les frais…
Evidemment, sa culture et son appétence pour les nouvelles technologies le prédisposent à de telles évolutions : il n’est pas enseignant-chercheur à Polytech par hasard. Les étudiants sont eux aussi particulièrement réactifs. " Nous verrons ce que cela donne mais ils sont bienveillants. J’ai le sentiment qu’ils mesurent les efforts que nous faisons et qu’ils en font aussi. La bonne volonté est partagée, nous proposons des choses et ils s’en emparent ".
Série de portraits
Découvrez le portrait de Léo Le Mener, " Transformation pédagogique : ne pas lâcher les plus fragiles !".