- Formation
Quand un duo de psychologues cliniciennes fait évoluer ses pratiques pédagogiques
-
Le 09 octobre 2020false false
Cette rentrée est toute particulière… et ce ne sont pas les enseignants qui diront le contraire ! Bon gré mal gré, chacun a dû adapter ses pratiques pédagogiques, préparer ses cours sans connaître l’évolution des conditions sanitaires, appréhender de nouveaux outils et la plupart du temps, conjuguer cours en présentiel et cours à distance. Dans cette série de portraits, 4 enseignants de l’Université de Nantes partagent concrètement ce qu’ils ont mis en place, pourquoi ils l’ont fait, ce qui les a aidés et les difficultés rencontrées. Cette semaine, découvrez le portrait de Delphine Rommel et Margaux Le Borgne.
En juillet 2020, lorsque Delphine Rommel et Margaux Le Borgne se lancent dans la préparation de la rentrée 2020-2021, les deux maîtres de conférences en psychologie clinique à l’université de Nantes n’imaginent pas tout ce que cela implique en termes de pédagogie, d’énergie et de ressources ! Bien sûr, le ‘‘printemps Covid’’ a permis de tester à marche forcée certaines pratiques d’enseignement à distance. Mais là, il s’agit de refondre complètement le module de psychologie clinique destiné aux premières années, pour s’adapter aux conditions sanitaires mais pas seulement…
C’est une vraie force d’être 2 ! Nous confrontons nos idées, nous partageons la charge de travail et prenons le relais l’une de l’autre si besoin.
" Il y a plus de 750 étudiants en L1 de psychologie, explique Delphine Rommel. En temps normal, ils sont répartis en 3 groupes et nous répétons 3 fois nos cours magistraux. C’est du temps perdu ! Avec la Covid et la nécessaire distance entre chaque étudiant, cette contrainte allait être encore plus présente à la rentrée : on s’est dit qu’il fallait anticiper un plan ".
Les deux collègues sont déjà sensibilisées à ce qu’il est convenu d’appeler l’hybridation grâce à leur implication par ailleurs dans un projet de transformation de la Licence. Pour l’heure, en ce début d’été, elles échangent, confrontent leurs idées, les enrichissent et peu à peu, le dispositif de rentrée se dessine.
Des capsules vidéo pour les cours magistraux
Le cours, le même que d’habitude, est enregistré sous la forme d’un diaporama narré. "Concrètement, nous nous installons devant notre ordinateur, nous lançons l’enregistrement et nous faisons cours, exactement comme en amphi, les interruptions en moins". Pour favoriser la régularité du travail des étudiants, les capsules vidéo sont disponibles durant une semaine, selon un planning communiqué en début d’année.Un forum et un quiz
En plus d’un forum sur lequel les étudiants posent leurs questions, chaque séquence est accompagnée d’un quiz. Objectif : permettre aux étudiants de vérifier leurs connaissances et leur bonne compréhension du sujet. "Nous privilégions les questions de cours et de réflexion/compréhension sous forme de Vrai-Faux ou de QCM (nous avons arrêté les questions ouvertes comme nous le faisions au début, trop lourdes à gérer !). Par exemple, pour vérifier la bonne compréhension de ce qu’est l’alliance thérapeutique, nous décrivons une situation que les étudiants doivent analyser. Les résultats sont disponibles instantanément avec des éléments pour éclairer chaque réponse".Des séances en amphi pour aller plus loin
Les 6 cours magistraux habituels sont remplacés par 6 cours vidéo et 2 séances de travail en présentiel. La théorie étant déjà dispensée (vidéo), les séances en amphi permettent d’approfondir les notions, de donner plus d’exemples, de faire davantage de liens avec la pratique du psychologue. "Et bien sûr, nous revenons sur les points moins bien compris, identifiés grâce au forum, aux quiz et aux questions posées par les étudiants, en amphi".Ces modalités d’enseignement permettent aux étudiants de fonctionner en totale autonomie, avec toutefois un risque : l’isolement… "Sur ce plan, les séances en amphi sont une réelle valeur ajoutée pour les étudiants. Tout comme les quiz. Nous leur adressons également des mails pour les accompagner régulièrement et garder le lien. Nous espérons qu’ils vont s’emparer des opportunités que nous leur proposons et qu’ils n’hésiteront pas à nous faire part de leurs retours sur cette pédagogie".
En année 1, le déploiement du dispositif induit une charge de travail importante, d’autant qu’il faut aussi apprendre à maîtriser les subtilités de MADOC. Pour cela, les enseignantes ont bénéficié de formations organisées à l’initiative de collègues enseignants, en lien avec les services informatiques de l’université. "L’entraide est primordiale, c’est grâce à ces formations que nous avons pu déployer notre dispositif".
Trois semaines après la rentrée, si les embûches techniques et les difficultés administratives ne sont pas oubliées, c’est néanmoins avec beaucoup d’enthousiasme que Delphine Rommel s’exprime. "Cette transformation est exigeante, elle nécessite de remettre à plat un certain nombre de choses aux plans pédagogique, organisationnel, technique, administratif aussi. Il ne s’agit pas seulement de s’adapter au contexte sanitaire, c’est aussi l’occasion de repenser notre présence auprès des étudiants. C’est stimulant ! Et puis, j’ai développé des compétences techniques : je pourrais faire une chaine You tube maintenant !".
Série de portraits
Découvrez le portrait de Vincent Ricordel : " A distance ou en présentiel : on s'adapte ! "
Découvrez le portrait de Philippe Damier : " Classes inversées : exigeantes mais efficaces "